À notre connaissance, Yaël Braun-Pivet, Présidente de l’Assemblée nationale française, s’est rendue à Erevan suite à l’invitation d’Alain Simonyan, Président du parlement arménien. Le but est de soutenir la force politique de Nikol Pashinyan. Ses déclarations évasives n’ont qu’un seul but : faire comprendre aux Arméniens que dans la question de l’Artsakh, il n’y a pas d’option gagnante. Son briefing, ses déclarations et ses réponses aux questions ont dû plaire au président azerbaïdjanais.
Dans ce contexte, voici les réponses officielles de la présidente de l’Assemblée nationale française en Arménie aux questions, suivies des réponses décryptées par Avetik Ishkhanyan, président du Comité arménien d’Helsinki pour les droits de l’homme et intellectuel arménien, présentées par aravot.am.
Question n° 1 : Voit-elle, Mme la Présidente de l’Assemblée nationale française, que l’Azerbaïdjan est prêt à dialoguer avec l’Arménie ?
Réponse officielle : Si nous pensions que ce chemin était inutile et infructueux, nous ne l’aurions pas emprunté. Nous croyons toujours qu’ensemble, nous pouvons trouver une sorte de solution pacifique, élaborer une solution ensemble. La France continue à jouer ce rôle parce que nous sommes aux côtés de l’Arménie.
Réponse décryptées: Nous savons que cette voie est infructueuse et futile, mais nous n’avons pas d’autre option, nous ne croyons pas qu’ensemble nous puissions trouver une quelconque solution pacifique. La France continue à prétendre qu’elle est du côté de l’Arménie.
Question n° 2 : Que doit encore faire Aliyev pour que l’Occident et la France prennent des mesures claires, y compris des sanctions ?
Réponse officielle : La France est active, elle ne se limite pas aux annonces. Je pense que c’est la bonne méthode. La voie de la médiation active et du soutien sans équivoque, comme l’exprime encore aujourd’hui ma présence en Arménie.
Réponse décryptées : La France se trouve des excuses comme si elle soutenait activement l’Arménie. Nous n’avons pas d’autre issue. Comprenez enfin que l’Azerbaïdjan est un partenaire important pour l’Occident et pour la France, notamment en matière d’approvisionnement énergétique, et que nous n’imposerons jamais de sanctions contre l’Azerbaïdjan et Aliyev. Quant à ma visite en Arménie, elle n’est qu’une démonstration pour satisfaire la communauté franco-arménienne.
Question n° 3 : Toutefois, si Aliyev attaque l’Arménie, la France ne se transformera-t-elle pas de médiateur en un véritable soutien pour l’Arménie ?
Réponse officielle : Je ne réponds pas aux questions hypothétiques. Avec les faits existants aujourd’hui, il y a assez de choses à faire, il n’y a pas besoin d’inventer des situations hypothétiques.
Réponse décryptées : Êtes-vous si naïf et simple d’esprit ? Vous n’avez pas compris que vous devez défendre votre pays et ses frontières. Pourquoi un soldat français devrait-il mourir pour un autre pays ? Enfin, souvenez-vous de 1921, comment la France a abandonné les Arméniens en Cilicie. Vous n’apprenez rien de l’histoire.
Question n° 4 : Étant donné que le Sénat français a adopté une résolution de soutien à l’Arménie, qui demandait également la reconnaissance de l’indépendance de l’Artsakh, la France va-t-elle faire le premier pas et reconnaître l’indépendance de l’Artsakh ?
Réponse officielle : Concernant la reconnaissance de l’indépendance du Haut-Karabagh, vous connaissez la position de la France, et aujourd’hui la France ne reconnaîtra pas cette indépendance, c’est conforme au droit international auquel nous sommes soumis.
Réponse décryptées : Quant à la reconnaissance de l’indépendance du Haut-Karabagh, posez-vous d’abord cette question. Pour qu’un pays reconnaisse l’indépendance du Haut-Karabagh, l’Arménie doit être le premier à le faire. Et votre gouvernement non seulement ne le reconnaît pas, mais rejette également le Haut-Karabagh comme faisant partie de l’Azerbaïdjan. Bien sûr, le droit à l’autodétermination est considéré comme faisant partie intégrante du droit international, mais au bout du compte, il faut comprendre qu’il existe des intérêts étatiques et nationaux. La France et l’Occident ont reconnu l’indépendance du Kosovo en fonction de leurs intérêts, mais la question du Haut-Karabagh ne correspond pas à nos intérêts, car, comme je l’ai dit, l’Azerbaïdjan est notre partenaire important.
Question n° 5 : Quel statut, du point de vue de la France, est envisagé pour le Haut Karabagh dans le cadre d’une régularisation pacifique ?
Réponse officielle : Notre position est claire, nous n’avons pas reconnu l’indépendance du Haut-Karabagh, et le statut ne doit pas être déterminé par la France. Il doit être déterminé dans le cadre du droit international par les différents peuples, et en particulier par les différentes parties au conflit.
Réponse décryptées : Je le répète encore et encore : la question du statut du Haut-Karabagh dépend avant tout d’une position claire de l’Arménie et du Haut-Karabagh. Ne blâmez pas les autres pays pour leur inaction et leur insécurité. Unissez-vous, faites preuve de résilience et reconnaissez l’indépendance de l’Artsakh, ensuite réunissez-vous. Alors seulement, le droit international et peut-être la France seront de votre côté. Rappelez-vous les paroles de Charles de Gaulle : « Choisissez la voie la plus difficile et vous n’aurez pas de rivaux ». Aujourd’hui, j’ai l’impression que seul le peuple d’Artsakh ne se décourage pas, et si le peuple d’Artsakh continue à se battre, il réussira sans aucun doute. Mais je suis surpris par l’attitude du gouvernement arménien, ainsi que par celle de la population. Je ne connais pas d’autre État qui abandonnerait ses compatriotes à la merci du destin, sous la menace d’un génocide. Est-ce de la trahison ou de l’indifférence ? J’ai également été surprise par les visages heureux et souriants des officiels arméniens, comme si tout allait bien, qu’il n’y avait pas d’Artsakh assiégé, pas de prisonniers arméniens. Que puis-je dire ?
Source principale : aravot.am