Kristinne Grigoryan, qui dirigeait le bureau indépendant du Défenseur des droits de l’homme arménien, deviendrait la chef du Service de renseignement extérieur, un bureau subordonné au Premier ministre. Or, un “membre de l’équipe politique” ne pouvait pas devenir un Défenseur des droits de l’homme, et un médiateur ne devrait pas devenir un agent de police.

Kristinne Grigoryan, qui vient de démissionner du poste de médiateur de l’Arménie, dirigera le service de renseignement extérieur, publie news.am.

Il convient de noter que Kristinne Grigoryan, qui dirigeait le bureau indépendant du médiateur, deviendra la chef du Service de renseignement extérieur, un organe subordonné au Premier ministre. Il est clairement indiqué dans la loi que « le chef du service est directement subordonné et responsable devant le Premier ministre ».

Quant à la loi sur le Défenseur des droits, elle stipule : « Le médiateur est un haut fonctionnaire indépendant qui veille à ce que les instances et les représentants de l’État et des autorités locales, ainsi que, conformément à la loi sur le Défenseur des droits de l’homme, les institutions respectent les droits et libertés de l’homme, et assure la promotion du rétablissement des droits et libertés violés ainsi que l’amélioration des lois et règlements relatifs aux droits et libertés ».

« En d’autres termes, Grigoryan a placé la responsabilité et la subordination au Premier ministre au-dessus du statut de haut fonctionnaire indépendant », conclut news.am. Il convient de rappeler que Kristinne Grigoryan a démissionné en raison de sa mutation à un autre poste.

« “Faire partie de l’équipe politique” semble être un concept solide et convaincant lorsqu’il s’agit, par exemple, des ministres. Fort heureusement, les deux vice-premiers ministres ou l’actuel ministre de la Justice ne sont pas considérés comme des membres de l’équipe politique, car ils ne sont pas obligés d’exprimer les points de discussion de la propagande du gouvernement sur les “anciens” », publie Aram Abrahamyan, rédacteur en chef d’Aravot.

« En revanche, le médiateur ainsi que le Président du Conseil supérieur de la magistrature, le Président de la Commission électorale centrale, les juges de la Cour constitutionnelle NE DOIVENT PAS être membres de l’équipe politique. Ce sont des postes qui exigent une neutralité politique totale. Un ancien subordonné du Premier ministre et un ancien membre de la faction au pouvoir ne peuvent pas être impartiaux lors de l’organisation d’élections à différents niveaux. Le président du Conseil supérieur de la magistrature, qui nourrit des griefs à l’encontre des “anciens” et a prononcé de nombreux discours à ce sujet, il ne peut pas prendre de décisions impartiales sur la révocation des juges. Un avocat faisant partie à une affaire politique (comme celui dit du “1er mars”) ne peut pas être un juge à part entière de la Cour constitutionnelle », rappelle Aram Abrahamyan.

« Tout spécialiste du droit civil, je pense, confirmera qu’il ne s’agit pas de positions politiques. Cependant, les personnes sont nommées ou élues à ces postes pour atteindre des objectifs politiques. Bien sûr, il peut aussi y avoir une “logique” inverse selon laquelle des membres du parti Contrat civique sont acceptés comme présidents de conseils d’administration d’universités afin de “garantir que les universités soient non partisanes”. Mais il s’agit là d’un nouveau type de dialectique qui ne m’est pas encore accessible », publie-t-il.

« Toutefois, il existe un autre problème : quelle position peut-on occuper, par exemple, à la fin d’un poste de médiateur ? Il me semble qu’il ne devrait pas faire partie de l’exécutif. Un médiateur ne devrait pas devenir un agent de police. Un médiateur ne devrait pas devenir le ministre de la Justice et certainement pas un enquêteur. Lorsque cela se produit, cela vous amène à vous pencher sur les actions passées pour voir si la personne a fait du bon travail », remarque Aram Abrahamyan, « Dans les démocraties, les hauts fonctionnaires et les institutions publiques sont extrêmement méticuleux sur des questions telles que la légalité et l’éthique. Dans les pays autoritaires, en revanche, le pouvoir n’a qu’une seule division – “être de son bord” ou non », ajoute-t-il.

« Dans les démocraties, la démission de tout gouvernement, et plus particulièrement des hauts fonctionnaires, fait partie intégrante de la vie politique. Les gouvernements démissionnent lorsque le plan du gouvernement n’est pas mis en œuvre ou bien les hauts fonctionnaires démissionnent lorsqu’ils ne sont pas d’accord avec le gouvernement », précise Avetik Ishkhanyan, président du Comité arménien d’Helsinki pour les droits de l’homme et intellectuel arménien, dans son pamphlet sur aravot.am.

« La situation est très différente en Arménie dite “démocratique” », note-t-il. « Des choses incroyables s’y produisent. Par exemple, divers hauts fonctionnaires présentent soudainement leur démission, le plus souvent, sans raison sérieuse, et, toujours en règle générale, ils la présentent avec des notes de remerciement au dictateur-Premier ministre. »

Ainsi, sur un ton très caustique, Avetik Ishkhanyan révèle sur aravot.am le “secret” de l’infaillibilité du système de pouvoir de Pashinyan.

En effet, rapporte-t-il, nos sources fiables ont réussi à copier le “Règlement relatif à l’emploi” au sein du gouvernement pour 2019, le registre d’emploi étant estampillé d’un sceau top secret. Nous vous le présentons ci-dessous :

Le Règlement relatif à l’emploi dans le système public de la République d’Arménie stipule :

1. Le présent règlement s’applique aux employés de toutes les institutions publiques de la République d’Arménie, y compris qu’aux :

  • Candidats aux élections législatives figurant sur les listes du Parti contrat civique ;
  • Services gouvernementaux, ministres et leurs adjoints, tous les services ministériels ;
  • Présidents de Régions et leurs adjoints, tous les services provinciaux ;
  • Collectivités locales, dirigeants locaux, membres des conseils communaux et leur personnel ;
  • Service de sécurité nationale, police judiciaire, bureau du Procureur de la République, Conseil judiciaire suprême, juges et leurs adjoints, leurs services et leur personnel, juges nommés par la Cour constitutionnelle, la Cour suprême ;
  • Bureau du Défenseur des droits de l’homme, la Commission électorale centrale, le Conseil de la fonction publique et leurs hauts fonctionnaires, leurs adjoints et tout l’appareil d’institutions de l’État.
  1. Tous les fonctionnaires susmentionnés et leurs mandataires s’agenouillant devant le Premier ministre ou son portrait, et prêtent le serment suivant :
  • Moi, untel, en assumant un tel poste (emploi), je jure solennellement d’être reconnaissant .
  • De rester fidèle à notre Premier ministre Nikol Pashinyan et à sa famille pour le reste de ma vie, et d’être prête à tout, y compris à renoncer à mes amis et à mes proches.
  • Ne pas avoir ou exprimer une pensée personnelle, une opinion. Attendre ce que le Premier ministre a à dire sur une question particulière, et seulement après, le répéter et le justifier.
  • Où que ce soit : au travail, entre amis, en famille, louer et glorifier le Premier ministre dans chaque conversation.
  • Mettre tous les échecs sur le dos des “anciens” ou de la Russie. Je suis prêt à déclencher une bagarre et à appeler la police si quelqu’un insulte le Premier ministre.
  • Je m’engage à signaler aux Services secrets nationaux toute conversation informelle dans laquelle le Premier ministre est critiqué.
  • Surveiller activement les médias sociaux et louer, glorifier le Premier ministre et maudire ses opposants.
  • Afficher un portrait du Premier ministre dans mon bureau, dans mon appartement. Lorsque le Premier ministre est rencontré ou son portrait est affiché, se lever et, si nécessaire, rester debout pendant un moment, tout sérieux ou tout sourire.
  • Me conformer immédiatement à toute instruction donnée par le Premier ministre ou une personne par son intermédiaire, y compris ma démission.
  • En démissionnant, j’exprime ma profonde gratitude au Premier ministre pour la confiance qu’il m’a accordée et je lui jure fidélité pour le reste de ma vie.
  • En cas de violation du serment, je suis prêt à subir les sanctions les plus sévères, tant pour moi-même que pour les membres de ma famille. »

Nom …

Prénom …

Date …/…/…

Approuvé le …/…/… par Nikol Pashinyan, Premier ministre. »

Pour conclure, après avoir étudié attentivement la biographie de Kristinne Grigoryan, il faut savoir qu’elle a travaillé à différents postes à l’Assemblée nationale depuis 2009. Il convient de noter que de 2012 à 2014, elle a été assistante du président de l’Assemblée nationale arménienne, lit-on sur le site du médiateur de l’Arménie.
En 2014-2015, elle était le chef d’équipe du programme de réforme américain à l’Assemblée nationale USAID (volet amélioration des procédures et réglementations) .
Cette personne a également travaillé en tant qu’assistante des députés, on peut se demander si elle était conseillère des députés ?
De 2015 à 2018, elle a travaillé au ministère de la Justice en tant que chef du Département de la coopération juridique internationale.
La question se pose aussi de façon aiguë. Qui, de 2009 à 2018, a poussé si fort pour la réalisation et le développement de ce Projet ?
Il est évident que Kristinne Grigoryan ne vient pas de la rue, qu’elle n’est pas de l’équipe de Pashinyan, et que Pashinyan ne nomme pas des personnes au hasard à des postes aussi élevés, lit-t-on sur Facebook.
Alors que se passe-t-il ?

Source principale : aravot.am