Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, a déclaré à Bakou que les règles de fonctionnement du corridor de Latchine « devrait être conforme à la déclaration trilatérale du 9 novembre, qui ne prévoit pas de postes de contrôle », selon mediamax.am.
« Le fonctionnement du corridor de Latchine devrait être pleinement conforme à la première déclaration trilatérale du 9 novembre 2020, qui implique la nécessité d’assurer la libre circulation des biens civils et humanitaires et des civils. C’est exactement ce que nous essayons de réaliser, principalement par le biais du contingent russe de maintien de la paix. Il n’est pas prévu d’y créer des points de contrôle », a déclaré M. Lavrov. « Il est toutefois possible de lever les soupçons de non-utilisation du couloir à l’aide de moyens techniques », a-t-il ajouté.
Le 18 février, Ilham Aliyev, président azéri, a déclaré que, lors de sa rencontre avec Nikol Pashinyan, Premier ministre arménien, et Antony Blinken, secrétaire d’État américain, à Munich, la partie azérie a proposé de mettre en place un point de contrôle à la frontière arméno-azérie.
Le 22 février, Ararat Mirzoyan, ministre arménien des Affaires étrangères, a déclaré qu’Erevan s’opposait à la création de postes de contrôle azéris dans le corridor de Lachine.
Quant au litige entre Erevan et Bakou sur l’utilisation des ressources énergétiques dans les territoires orientaux du Haut-Karabagh, concernant la compensation des pertes, M. Lavrov déclare qu’il s’agit d’une question bilatérale entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, publie 168.am.
Cette déclaration a été faite par Sergueï Lavrov, lors d’une conférence de presse après des entretiens avec Djeyhoun Baïramov, ministre azéri des Affaires étrangères.
« Qu’est-ce qui a amené le ministre russe à Bakou en février 2023 ? La visite a été programmée pour coïncider avec l’anniversaire de la signature de la déclaration bilatérale sur la coopération stratégique », explique Sergey Markedonov, l’un des principaux chercheurs au Centre pour la sécurité euroatlantique du MGIMO (Moscou) du ministère russe des Affaires étrangères sur Telegram. « Je rappelle que ce document a été signé à Moscou presque simultanément avec la reconnaissance par la Russie de l’indépendance des “républiques populaires” du Donbass. Jusqu’en 2022, la Russie qualifiait l’Azerbaïdjan de partenaire stratégique. Il y a un an, Vladimir Poutine et Ilham Aliyev ont déclaré une “nouvelle étape” dans le développement des relations bilatérales. Les symboles jouent un rôle non négligeable dans la politique étrangère », dit-il.
« Outre les occasions, le contexte n’est pas moins important. Nous constatons que le règlement arméno-azerbaïdjanais, qui était une plateforme unique de coopération entre la Russie et l’Occident, s’est transformé en un champ de compétition féroce. Les négociations entre Nikol Pashinyan et Ilham Aliyev, sous la médiation d’Antony Blinken en marge de la Conférence de Munich sur la sécurité, en sont la meilleure preuve. Ajoutez à cela les tentatives d’Erevan de poursuivre une politique étrangère diversifiée. Le déploiement de la mission d’observation de l’UE en Arménie pendant deux ans mérite à lui seul d’être mentionné. Tout cela inquiète Moscou. Dans les circonstances actuelles, un terrain d’entente entre la Russie et l’Azerbaïdjan est apparu, comme le rejet de l’“européanisation” du Caucase et du format “moins” du groupe de Minsk de l’OSCE. La visite du ministre russe des Affaires étrangères à Bakou est un signal pour toutes les “parties intéressées” que Moscou considère toujours le Caucase comme une région importante pour ses intérêts. Et sa politique peut être adaptée aux nouvelles conditions », note l’expert russe.
Est-ce que que le renforcement de la coopération entre la Russie et l’Azerbaïdjan signifie-t-il un nouveau “demi-tour géopolitique” ou un “changement d’étape” complet dans l’approche du Kremlin ? L’expert n’en est pas du tout sûr. « L’Azerbaïdjan ne s’est pas rapproché de la Russie au cours de l’année écoulée en ce qui concerne ses relations avec l’Ukraine (la question de l’intégrité territoriale est particulièrement importante ici). Il n’y a pas si longtemps, Vladimir Zelensky a adressé des compliments à son homologue azerbaïdjanais Ilham Aliyev. Bakou ne refuse pas non plus de coopérer avec l’Occident dans le domaine de l’énergie. Entre-temps, l’UE et les États-Unis considèrent l’Azerbaïdjan comme une alternative importante à l’“impérialisme énergétique” russe. Bien entendu, les plans immédiats de Bakou n’incluent pas l’adhésion à l’OTSC et à l’UEE. Pas plus que le gel des relations avec Washington et Bruxelles. La partie azerbaïdjanaise préfère une tactique d’“accélération” dans la direction du Karabagh », explique Sergey Markedonov. « Cependant, pour le Kremlin aujourd’hui, il est important de ralentir l’“internationalisation” du Caucase d’une manière ou d’une autre, en préservant son rôle particulier de modérateur dans la résolution du conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Il est vrai que les conflits avec les deux alliés transcaucasiens persistent », dit-il.
Source principale : mediamax.am