Les Azéris ont installé un panneau d’information au point de contrôle du corridor de Latchine, sur lequel on peut lire : « Attention, vous entrez sur le territoire de la République d’Azerbaïdjan », rapporte news.am.
Il est à noter que l’Azerbaïdjan bloque depuis le 23 avril le pont de Hakari reliant l’Arménie au Haut-Karabagh, situé dans le corridor de Latchine, dans des conditions d’inactivité totale du contingent russe de maintien de la paix. Bakou a déclaré avoir mis en place un nouveau point de contrôle à cet endroit, expliquant que cela avait été fait « pour des raisons de sécurité ».
Baku est pressé. Pour quelle raison ? Pour la simple raison qu’il pense que la situation en Ukraine, en Turquie, en Iran et ailleurs pourrait changer. Tel est le constat de l’analyste politique Aleksandr Iskandaryan lors de la discussion du 25 avril, selon news.am.
Selon lui, l’Azerbaïdjan forcera les Russes à quitter le Haut-Karabagh à chaque occasion politique, et il ne s’agit pas d’une question juridique, mais d’une question politique.
« Pour l’instant, Bakou travaille avec la Russie, l’Ouest, l’Est et, en général, avec tout le monde pour atteindre son objectif, sans faire de choix clair, car la situation est délicate », a-t-il déclaré.
Selon lui, tous les acteurs ont davantage besoin de l’Azerbaïdjan que de l’Arménie.
« L’importance de l’Azerbaïdjan pour la Russie s’est considérablement accrue. L’Azerbaïdjan représente une part importante des exportations de matières premières de la Russie vers l’Occident. Pour la Russie, l’Azerbaïdjan, c’est aussi la Turquie, dont la politique postélectorale à l’égard de l’Arménie sera de toute façon orientée vers l’opinion de l’Azerbaïdjan. Pour l’Occident, l’Azerbaïdjan est considéré comme un pays situé entre l’Iran et la Russie. Par conséquent, Bakou ne forcera pas l’Occident », a ajouté M. Iskandaryan.
Il a noté que dans ce contexte, l’Azerbaïdjan continue d’exercer des pressions sur les parties arméniennes, y compris des pressions militaires, des discussions et des pressions diplomatiques.
« Le point de contrôle azerbaïdjanais dans le corridor de Latchine est apparu de facto en décembre 2022. Ce rôle a été joué par les membres du gouvernement azerbaïdjanais qui ont bloqué le corridor. Cette situation a maintenant été officialisée et déplacée géographiquement plus près de l’Arménie. Il s’agit d’une stratégie de pression pour atteindre les résultats souhaités », explique l’analyste politique.
Il estime que les traités sont valables tant que l’environnement politique qui a conduit à ces traités existe.
« L’environnement politique qui a conduit à la signature de la déclaration du 9 novembre 2020 n’existe plus depuis le début du conflit en Ukraine. La situation est fondamentalement différente. L’Azerbaïdjan n’a pas besoin de la paix, il a besoin du Haut-Karabagh. Le traité de paix dans la version souhaitée par Bakou n’est qu’un outil pour atteindre un autre objectif. Cela peut également être contré par un format diplomatique, mais ce n’est pas suffisant, car Aliyev ne l’écoutera pas », a souligné l’expert.
Selon lui, Moscou ne veut pas et ne peut pas faire ce qu’elle aurait pu essayer de faire avant que la situation ne change.
« Si pour l’Arménie, et plus encore pour les Arméniens du Haut-Karabagh, il s’agit d’un problème de survie sur le territoire où ils vivent, pour la Russie, le problème du Karabagh, sur fond de fermeture de la frontière occidentale, fait partie d’une vaste mosaïque de plans de sécurité. Cette mosaïque comporte de nombreux éléments, dont la Turquie et la Syrie. Dans cette mosaïque, le problème du Karabagh n’est pas le plus grave ni le plus important. En conséquence, la Russie perçoit le conflit du Karabagh d’une manière totalement différente de celle de l’Arménie. Pour l’Occident, en revanche, il s’agit d’un problème très secondaire. En outre, les objectifs de l’Occident dans les pays post-soviétiques sont déterminés par leur proximité avec la Russie et le rôle de la Russie dans ces pays », a conclu M. Iskandaryan.
Source principale : news.am