L’unité n’est, en effet, possible qu’entre des forces saines. Toute unité entre ceux qui ont abandonné l’Artsakh et ceux qui luttent pour que l’Artsakh reste arménien est stérile et rendrait caduque l’idée d’unité nationale dans son ensemble, dit Hovsep Der-Kévorkian, membre du Bureau mondial de la FRA Dachnaktsoutioun.

Les Arméniens vivent une période de crise majeure, les Arméniens de l’Artsakh sont menacés de génocide, les autorités arméniennes détruisent l’État et les fondements de la Nation arménienne. Le régime en place sème délibérément défaitisme, indifférence, division et impuissance au sein des larges couches du peuple arménien. Sous couvert d’une politique irréaliste d’établissement de relations pacifiques avec les ennemis qui ne veulent qu’exterminer la nation arménienne, leur idéologie transformera l’Arménie, dans un proche avenir, en une province turque, déclare Hovsep Der-Kévorkian, membre du Bureau mondial de la FRA Dachnaktsoutioun.

Sur le plan international, nous sommes seuls, sans véritable allié. Les États de la région poursuivent exclusivement leurs propres intérêts, et le gouvernement arménien isole l’Arménie et la transformer en un subordonné au service des intérêts des puissances étrangères.
Du fait de cette situation, les forces saines de la nation semblent inefficaces ; elles n’ont pas réussi à unir les Arméniens autour d’un plan de sauvetage et d’un dirigeant incarnant leurs idées.

L’incertitude s’est généralisée et il pourrait même sembler que ces forces destructives iraient jusqu’à la victoire sans rencontrer de forte résistance.

Aussi, en ces temps difficiles, nous sommes arrivés au point où nous devons adopter des lignes directrices claires, établir des valeurs intangibles ci-après listées et en faire des principes pour mettre en œuvre des plans et trouver des solutions.

La conviction. Parmi les larges couches de la population arménienne et même chez certains dirigeants, la foi semble avoir été perdue ; la croyance qu’il est possible de surmonter ces difficultés, de garder l’Artsakh arménien, de libérer Hadrout et Chouchi et les autres territoires occupées et de construire une Patrie sur des fondations nationales, n’est plus. Mais non ! Tout n’est pas perdu, la Nation arménienne a connu de telles périodes fatidiques dans son histoire, y inclus durant la première guerre du Karabagh mais a toujours été capable de s’en sortir avec honneur. La jeunesse arménienne, en particulier, devrait savoir clairement que le désespoir est un péché mortel et le début de tous les échecs.

L’esprit révolutionnaire. Des mesures décisives et audacieuses sont nécessaires de la part des dirigeants impliqués dans les affaires nationales et de la part de la jeunesse. Une approche révolutionnaire n’est pas synonyme d’aventurisme, mais, compte tenu des conditions actuelles, elle implique des actions qui rebattent les cartes et font de l’Arménie un acteur indépendant. Les analyses passéistes des problèmes, l’imitation des pratiques antérieures et l’absence d’esprit critique peuvent conduire à des approches conservatrices, à des erreurs fatales ou à une stérilité futile. Une pensée et une action révolutionnaires sont nécessaires pour changer cette situation.

Conscience du sacrifice. Notre Patrie est constamment attaquée, il est impossible de résister sans sacrifice. Le peuple d’Artsakh donne l’exemple à suivre, il subit un blocus qui l’affame mais résiste. Bien sûr, il n’est pas aisé d’adopter cette attitude, et ce d’autant plus que les autorités arméniennes mènent une propagande opposée et populiste. En évoquant un pseudo avenir calme et pacifique, elles tentent de détruire l’esprit combatif de la nation. Il est nécessaire de sortir de cet état d’intoxication léthargique et être prêt, en tant que nation, à mener une longue lutte et à faire des sacrifices en cours de route. Faisons revivre l’archétype de l’Arménien militant, courageux et prêt à se sacrifier pour la Patrie.

Le travail. Dans le climat actuel, il n’est pas permis de se contenter d’alarmer, d’analyser ou de signaler les fautes. Les posts sur les les réseaux sociaux ne suffisent pas. Nous devons tous être convaincus qu’il n’y aura pas de solutions miracles, mais un travail planifié, cohérent, acharné et concret qui nous mènera à un avenir décent. Un travail sans relâche dans tous les domaines s’avère indispensable afin d’avoir une armée forte, des Arméniens conscients des dangers guettant la Patrie, une jeunesse militante, des frontières solides, une diaspora organisée, une attention internationale à nos demandes …. La situation actuelle se caractérise par des critiques excessives et des paroles sans fin, alors que le contraire est exigé de nous tous : le travail. Les chantiers sont nombreux et évidents, ne nous attendons pas les uns les autres, prenons l’initiative et réalisons-les.

L’unité. La manifestation de l’instabilité interne de l’Artsakh en août justifie l’impérativité d’une unité sur la question de sa stabilité politique. L’unité exige le respect de tous, l’acceptation d’autres opinions et un certain compromis entre les forces saines.
L’unité n’est, en effet, possible qu’entre des forces saines. Toute unité entre ceux qui ont abandonné l’Artsakh et ceux qui luttent pour que l’Artsakh reste arménien est stérile et rendrait caduque l’idée d’unité nationale dans son ensemble.

À long terme, ce sont les principes directeurs précités, de même que la volonté et la détermination de se battre qui créeront les conditions économiques et militaires permettant la transformation des défaites temporaires, en victoires permanentes.

Hovsep Der-Kévorkian, membre du Bureau mondial de la FRA Dachnaktsoutioun

Droshak n°8, 2023

Source principale : arfd.am