Dans la mesure où l’Azerbaïdjan considère comme « accusés de crimes de guerre » tous les Arméniens qui ont défendu la liberté et l’indépendance de l’Artsakh, ceux qui y ont servi, ceux qui ont des liens économiques avec l’Artsakh, voire d’autres, il est difficile d’imaginer l’ampleur de la répression que Bakou rêve de déchaîner sur les Arméniens.

« Un véritable désir de paix et de rétablissement des relations avec l’Azerbaïdjan se manifestera, entre autres, par la volonté de l’Arménie de reconnaître sa responsabilité et d’extrader les accusés de crimes de guerre, notamment ceux qui se cachent actuellement sur le territoire arménien », a récemment déclaré Hikmet Hajiyev, conseiller du président de l’Azerbaïdjan. Rappelons qu’avec son « Entre autres » Hajiyev inclut l’exigence de réviser la constitution arménienne, d’ouvrir le « corridor de Zanguézour » extraterritorial, d’implanter 300 000 Azerbaïdjanais en Arménie, que Ilham Aliyev désigne comme le « Azerbaïdjan occidental », ainsi de suite. Selon le site golosarmenii.am, cette déclaration fait partie de la dynamique de terreur attisée par l’Azerbaïdjan contre les Arméniens et l’Arménie.

Fallait-il s’attendre à de nouvelles exigences ? Indéniablement : Après que Nikol Pashinyan a reconnu le Haut-Karabagh comme faisant partie du territoire de l’Azerbaïdjan, après son introduction dans le discours public du sujet de la révision de la constitution, des symboles nationaux, et son fanatique désir de signer au plus vite un « accord de paix » vide de sens, les autorités arméniennes ont annoncé que la question de la prise de territoire souverain par l’Azerbaïdjan serait résolue par « démarcation-délimitation », tout en restant muettes face au monstrueux procès de Bakou contre les anciens dirigeants du Haut-Karabagh. Il était évident que la prochaine exigence d’Azerbaïdjan à l’égard du leadership arménien serait le message de Hajiyev mentionné ci-dessus.

Il n’est pas anodin que, parallèlement à cette exigence, il ait été révélé que l’Azerbaïdjan fermait les représentations de l’ONU, du Comité international de la Croix-Rouge et de Transparency International sur son territoire. « L’Azerbaïdjan revoit ses priorités de coopération avec l’ONU en fonction des nouvelles réalités », a déclaré le ministre des Affaires étrangères Djeyhoun Baïramov.

Il est clair de quoi il s’agit en réalité. Rien ni personne ne doit gêner l’Azerbaïdjan dans son déploiement d’une terreur à grande échelle contre les Arméniens. D’autant plus que le gouvernement arménien, en réalité, semble se montrer conciliant face à toutes les demandes de Bakou (se contentant, au mieux, de déclarations rhétoriques), qui deviennent de plus en plus dures et sanguinaires.

« Tout régime autoritaire suit sa propre dynamique, il ne reste pas immobile, il devient de plus en plus rigide, et il faut évoluer. Et si tout a déjà été nettoyé, il faut trouver quelqu’un d’autre à persécuter », déclare le sociologue azerbaïdjanais Sergey Rumiantsev, vivant en Europe. « En vérité, il est difficile de comprendre quel problème peut poser le Comité international de la Croix-Rouge, bien que les autorités azerbaïdjanaises puissent être inquiètes par le fait qu’ils rencontrent des prisonniers de guerre arméniens et des civils détenus par l’Azerbaïdjan après la guerre de 2020 en Karabagh. Le président a gagné la guerre, il a donc carte blanche pour agir. »

Que signifient exactement « toutes les actions » mentionnées ? Ce que vient de déclarer récemment le spécialiste en analyse politico-militaire Hayk Nahapetyan est une confirmation totale de la réalité de ce scénario, qui va bientôt être mis en œuvre de manière systématique.

Citation de Nahapetyan : « À Bakou, Aliyev juge les dirigeants de l’« État fasciste », et ceux que le collaborateur Nikol ne peut encore extrader vers Bakou, il les juge ici. Je le répète, pour l’instant, il ne peut pas les extrader. Mais il est clair qu’il se prépare à des listes, petites et grandes, de dizaines, voire de centaines de personnes qui, selon Aliyev, ont « occupé son pays » (il s’agit des membres de l’Armée de défense du Haut-Karabagh). Quand Pashinyan arrivera à son paroxysme de concessions à Aliyev, et que la résistance au sein de la société arménienne aura été annihilée, alors, je vous le garantis, des avions partiront de Bakou vers l’aéroport de Zvartnots à Erevan, et des milliers de personnes seront extraites de leur lit, emmenées quelque part, puis envoyées dans ces mêmes avions à Bakou. Lorsque la résistance en Arménie, je le répète, sera détruite…

Pashinyan a reconnu le Haut-Karabagh comme faisant partie de l’Azerbaïdjan. Aliyev a son prétexte : les « criminels » de l’« État fasciste » se sont cachés dans un autre pays. Et ensuite ? On les recherche, les listes, qui, bien sûr, ne sont pas encore publiées, sont envoyées en Arménie. Et les autorités arméniennes les livreront silencieusement à Bakou. Ainsi, tous ceux qui ont occupé des postes de haut niveau militaires et politiques en Arménie et au Haut-Karabagh, y compris les trois anciens présidents de la République d’Arménie, doivent savoir qu’ils viendront chercher ces personnes de Bakou. Et aucun passeport arménien ni leurs connexions en dehors de l’Arménie ne les sauveront. Si les superviseurs britanniques, en collaboration avec les exécutants turcs, ont décidé que la République d’Arménie ne doit pas exister, et que la première ligne de résistance à la destruction de la souveraineté arménienne est constituée par les trois anciens présidents de la République, de même que les anciens dirigeants militaires et politiques du Haut-Karabagh et d’Arménie et les structures associées, il est évident qu’ils sont tous condamnés à être anéantis. Et dans ce sens, des actions concrètes sont déjà en cours.

Les procès à Bakou contre les prisonniers et les anciens dirigeants du Haut-Karabagh, ainsi que les procès en Arménie contre Jalal Harutyunyan, Mikael Harutyunyan (qui est en prison depuis plusieurs années) – ce ne sont pas de simples discours, ce sont des actions concrètes… Tous ceux qui ont participé à la guerre nationale de libération pour la liberté et l’indépendance du Haut-Karabagh, depuis les années 90 jusqu’à la dernière agression de l’Azerbaïdjan (la guerre de 44 jours) – tous sont, « grâce » à Pashinyan, considérés par l’Azerbaïdjan comme des occupants. Tous seront jugés, et les listes envoyées de Bakou ici comporteront des milliers de noms… De plus, les « criminels » ne seront pas seulement les membres de l’Armée de défense du Haut-Karabagh, mais aussi ceux qui ont mené des activités économiques au Haut-Karabagh en tant qu’acteurs économiques. À Bakou, ils sont considérés comme des personnes ayant mené une « activité illégale, du pillage sur des terres occupées », pour laquelle Aliyev exige 160 milliards de dollars en réparations… »

Revenons à la déclaration du fonctionnaire azerbaïdjanais, à laquelle le leadership arménien n’a pas réagi : « Un véritable désir de paix et de rétablir les relations avec l’Azerbaïdjan se manifestera, entre autres, par la volonté de l’Arménie de reconnaître sa responsabilité et d’extrader les accusés de crimes de guerre, en particulier ceux qui se cachent actuellement sur le territoire arménien. »

Si l’on considère que l’Azerbaïdjan considère comme « accusés de crimes de guerre », tous les Arméniens ayant défendu la liberté et l’indépendance du Haut-Karabagh, ceux ayant servi au Haut-Karabagh, ayant des liens économiques avec celui-ci, etc., on peut à peine imaginer l’ampleur de la répression à laquelle Bakou rêve d’infliger aux Arméniens. Et si, en même temps, l’Azerbaïdjan ferme ses représentations de l’ONU, du Comité international de la Croix-Rouge et de Transparency International sur son territoire, alors la réaction desdites organisations face à la terreur annoncée par les autorités azerbaïdjanaises contre les Arméniens ne sera même pas un « désaveu » rhétorique.

Le 28 février de cette année, le ministère des Affaires étrangères arménien a publié une déclaration dans laquelle il disait :

« Les prisonniers de guerre arméniens, les otages et autres détenus sont illégalement retenus en Azerbaïdjan, en violation de ses obligations et des engagements internationaux qu’il a pris. La détention et les poursuites contre les prisonniers de guerre arméniens, les otages et autres détenus constituent une grave violation du droit humanitaire international et des droits humains fondamentaux : une simple liste des documents internationaux pertinents inclut la Déclaration universelle des droits de l’homme, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, la Convention de Genève IV (1949), la Convention européenne des droits de l’homme.

Il est évident que les autorités azerbaïdjanaises utilisent cette mise en scène judiciaire comme un instrument de pression politique sur la République d’Arménie et de manipulation de l’opinion publique, compte tenu de la sensibilité de cette question pour chaque famille et pour la société tout entière. Il convient de noter particulièrement que ces procès se déroulent dans un contexte de propagande de haine ethnique contre les Arméniens dans les médias azerbaïdjanais… »

Et ainsi de suite. Quatre jours plus tard, Nikol Pashinyan, concernant les communications, a déclaré que « toutes les routes de l’Arménie sont ouvertes pour l’Azerbaïdjan », tout en soulignant que « dans le projet de traité de paix, il reste deux articles sur lesquels nous n’avons pas encore pu nous mettre d’accord, et nous continuons de travailler dans cette direction ».

En d’autres termes, d’une « main », le leadership arménien constate la propagande de haine d’État contre les Arméniens en Azerbaïdjan, la violation du droit international, la pression politique sur l’Arménie, tandis qu’avec l’autre, il assure que « toutes les routes sont ouvertes pour l’Azerbaïdjan » et que seuls deux articles dans l’ « accord de paix » nécessitent un accord, et que l’Arménie continue de travailler dans cette direction. Vous vous entendez vraiment ?!

Source principale : golosarmenii.am