L’invité de l’émission Ditaket, animée par Lousiné Ayrapetyan, était cette semaine Haykazoun Alvrtsian, figure intellectuelle reconnue et directeur du Centre d’études sur les questions des Arméniens occidentaux. Le débat s’est concentré sur les attaques verbales répétées de Nikol Pashinyan, Premier ministre arménien, à l’encontre de l’Église apostolique arménienne, et sur la réaction officielle du Saint-Siège d’Étchmiadzine, publiée à l’issue de la réunion du Conseil spirituel suprême.
L’Église comme rempart moral
« L’Église n’a pas à répondre par des insultes à l’insulte ni par la calomnie à la calomnie », affirme d’emblée Haykazoun Alvrtsyan, saluant la hauteur de vue de l’institution religieuse face aux attaques du chef du gouvernement. « Elle a pointé les dangers que ces accusations mensongères font peser sur notre peuple, mais elle l’a fait sans céder à la vulgarité », poursuit-il.
Selon Alvrtsyan, l’Église incarne non seulement une autorité spirituelle, mais aussi une continuité historique : « Elle est l’héritière de notre trône historique. Elle est l’expression d’une noblesse morale, intellectuelle et spirituelle, issue de notre passé glorieux. Elle ne peut ni ne doit s’abaisser au niveau de ceux qui cherchent à la souiller. »
Un appel au sursaut national
Tout en appelant les autorités à une remise en question, l’Église a choisi de répondre avec dignité, estimant qu’il ne lui revient pas d’entrer dans le cycle des invectives. « Ce choix est, à mes yeux, un soulagement spirituel. Il nous évite la tentation, humaine, de vouloir répondre sur le même ton. »
Haykazoun Alvrtsyan rappelle son attachement personnel à l’Église : « En tant que simple croyant, je me tiens à ses côtés. Je suis prêt à tout pour défendre ce qui, à travers elle, représente l’intérêt national. Mon devoir moral m’impose de ne pas rester passif. »
La politique de la déchéance
Dans un registre plus métaphorique, le chercheur évoque les figures de la tradition et de la littérature arménienne : « Ceux qui nous gouvernent aujourd’hui me rappellent ces personnages grotesques qui cherchent à voler à l’aigle son envergure. Mais ils passeront, comme tant d’autres. »
Il fait référence au personnage de Tsakhes, issu d’une nouvelle allemande Hoffmann (Le nain Tsakhes, nommé Zinnober) : un enfant difforme, médiocre en tout, mais doté par enchantement de trois cheveux magiques qui masquent ses défauts. « Tant que durait l’illusion, tout ce qu’il faisait semblait génial. Mais un jour, les trois cheveux tombent… et sa véritable laideur, physique et morale, éclate au grand jour. » Pour Alvrtsyan, nous vivons ce moment : « Le vernis est tombé. Le peuple arménien découvre désormais à nu l’ampleur de la déchéance morale, politique et spirituelle de ceux qui prétendent le gouverner. »
Pour Alvrtsyan, la réponse de l’Église face aux attaques calomnieuses est une réponse exemplaire : « Elle a montré que l’on peut rester fidèle à ses valeurs, même dans l’adversité. Cette dignité silencieuse est en soi une condamnation. »
Et de conclure : « La magie mensongère de ce pouvoir est en train de se dissiper. Le peuple saura reconnaître ceux qui lui ont menti, et ceux qui, fidèles à l’âme arménienne, l’ont protégé. »
Source principale : livenews.am