
Aujourd’hui, le tribunal doit se prononcer sur la demande de modification des conditions de détention provisoire d’Armen Ashotyan.
Gagik Minasyan, ancien député du Parti républicain d’Arménie (RPA), s’est exprimé devant les journalistes, affirmant que ceux qui sont au pouvoir depuis 2018 ignorent systématiquement la loi.
« Ils ont eux-mêmes déclaré qu’il n’existe aucun juge qui n’exécute pas leur volonté, et cela est évident dans leur fonctionnement actuel. De plus, les représentations diplomatiques accréditées en Arménie au niveau des ambassades ferment les yeux sur l’illégalité qui sévit dans le pays, y compris au sein du système judiciaire », a-t-il déclaré.
Minasyan a souligné que, durant les mois de détention d’Ashotyan, il est apparu clairement lors des audiences que le dossier à son encontre est entièrement fabriqué et motivé politiquement, sans aucun fondement criminel.
L’affaire Armen Ashotyan : un miroir des pratiques de détention en Arménie
L’affaire en cours concernant Armen Ashotyan, homme politique arménien de premier plan, met crûment en évidence les défis systémiques inhérents aux pratiques de détention du pays. Alors que les tribunaux continuent de statuer sur son sort, cet article analyse les développements de l’affaire sous l’angle des droits humains, en s’arrêtant sur trois phases distinctes et les plaintes soulevées par son équipe de défense.
La défense d’Ashotyan a déposé trois plaintes notables, chacune visant les décisions de différentes juridictions sur la légalité de sa détention :
1. Première plainte
Déposée le 29 janvier 2024, cette demande de révision spéciale visait la Cour d’appel anti-corruption de la RA, contestant une décision du 8 janvier 2024.
2. Deuxième plainte
Le 19 mars 2024, l’équipe juridique d’Ashotyan a porté l’affaire devant la Cour de cassation de la RA, sollicitant la révision de la décision rendue en appel.
3. Troisième plainte
La plus récente, soumise le 25 avril 2024, ciblait à nouveau la Cour d’appel anti-corruption, contestant une décision du 11 avril 2024.
Ashotyan a été arrêté le 15 juin 2023, poursuivi sous plusieurs articles de l’ancien Code pénal arménien. La décision du tribunal de le placer en détention dès le 16 juin a immédiatement suscité des inquiétudes. Les arguments de la défense ont mis en évidence de graves atteintes à l’intégrité procédurale, notamment :
• Justification insuffisante : la défense a soutenu que les motifs de la détention étaient mal étayés.
• Absence d’alternatives : les juges n’ont pas envisagé de mesures moins sévères que la détention, pourtant essentielles en droit des droits humains.
Des précédents de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) ont été invoqués, rappelant que le risque de pression sur les témoins diminue avec le temps et doit être mis en balance avec le principe de liberté.
Le 8 janvier 2024, la Cour anti-corruption de la RA a prolongé la détention d’Ashotyan jusqu’au 15 avril, suscitant de nouvelles protestations de sa défense. Celle-ci a dénoncé :
• Absence de preuves : aucun élément ne démontrait qu’Ashotyan entravait le processus judiciaire.
• Mauvaise interprétation des garanties légales : la défense a insisté sur la nécessité d’une compréhension plus nuancée du cadre juridique de la détention provisoire.
Ces arguments reflètent une inquiétude croissante quant au respect par le système judiciaire des normes strictes établies par les cadres internationaux des droits humains.
La situation s’est aggravée lorsque la Cour d’appel anti-corruption a confirmé la détention le 26 février 2024. Les plaintes ultérieures ont continué de soulever de graves préoccupations quant au respect de la CEDH, en particulier de l’article 5, qui garantit le droit à la liberté et à la sécurité. La défense a argué que :
• Violations de la CEDH : les tribunaux n’ont pas annulé certaines parties de décisions antérieures contraires à la jurisprudence établie de la CEDH.
• Réévaluation insuffisante : les juges n’ont pas correctement examiné la nécessité de maintenir la détention, compte tenu de l’absence de nouvelles preuves ou de changements de circonstances.
L’affaire Ashotyan met en évidence non seulement les droits individuels en jeu, mais aussi les failles systémiques du cadre juridique arménien concernant les pratiques de détention. Le mépris persistant des normes internationales en matière de droits humains appelle des réformes législatives et pratiques urgentes pour garantir la protection des libertés civiles.
Les mesures proposées incluent l’obligation d’examiner les alternatives à la détention et le renforcement du contrôle judiciaire sur les décisions de placement en détention. De telles réformes sont cruciales pour aligner les pratiques de l’Arménie sur les normes internationales et préserver l’État de droit.
Au fur et à mesure que la situation évolue, un suivi constant et un plaidoyer actif resteront essentiels dans la quête de justice et de protection des droits humains au sein du système judiciaire arménien.
Source principale : aysor.am