Le film de Jivan Avetisyan, intitulé Gate to Heaven (Les portes du Paradis, en français), est un chef-d’œuvre grandiose et lumineux. Ses images des terres de l’Artsakh nous transportent dans un monde à part, où la beauté et la tragédie se mêlent en un ballet émouvant. Il a été projeté dans les salles arméniens de trois villes françaises : à Hamaskaïne à Marseille, Théâtre l’Acte 12, (4 février), à la Maison de la Culture Arménienne à Alfortville (10 février) et à la Maison de la Culture Arménienne à Paris (12 février), projections organisées avec la FRA Dachnaktsoutioun. L’émission « Arts et regard », consacrée au film, a eu lieu le 10 février, sur Ayp Fm, en présence du réalisateur, accessible sur Internet.
Jivan Avetisyan, fervent défenseur de la Cause arménienne, a réussi à accomplir un exploit en organisant de nombreuses projections de son film. En effet, le cinéaste a su coordonner les préparatifs des tournages à venir en France tout en restant en contact permanent avec son équipe en Artsakh et en Arménie, et en établissant de nouveaux contacts dans l’Hexagone. Son engagement sans faille pour la cause de l’Artsakh et des Arméniens est un exemple pour tous ceux qui luttent pour la justice et la paix dans le monde. En tant qu’artiste, il poursuit son objectif de sensibilisation à la situation critique de l’Artsakh et de son peuple, avec la conviction que chaque petit geste compte.
Malgré cette tâche épuisante, Jivan Avetisyan travaille sans relâche. Pour lui, le temps est un luxe qu’il ne peut se permettre, car chaque instant doit être consacré à son travail. « Je travaille 25 heures par jour, mais nous n’avons pas le temps de reconstruire notre pays, de résoudre les problèmes vitaux et d’en parler », nous a-t-il confié lors d’un dîner dans un restaurant arménien de la Corniche de Marseille. L’urgence de la situation en Artsakh ne lui laisse aucun répit, et il travaille sans relâche pour faire entendre la voix de cette région à travers le monde.
Pour Jivan Avetisyan, chaque projet est l’occasion de mettre en lumière des problèmes d’identité et de sensibiliser le public à des questions importantes. Il travaille sans relâche pour faire avancer sa cause, et est prêt à parcourir le monde pour y parvenir.
Son prochain film portera sur la guerre en 2020, mais dans toute son œuvre, il traite des questions d’identité, avec une attention particulière pour la question de l’Artsakh. Pour lui, le cinéma est un moyen de mettre en lumière la situation actuelle de cette région et de sensibiliser les gens à ses enjeux. « Très peu de cinéastes viennent filmer en Artsakh. En connaissez-vous ? », demande-t-il, soulignant l’importance de son travail de cinéaste engagé.
Malgré les quelques exemples donnés pour contredire ses propos, Jivan Avetisyan persiste dans sa conviction que très peu de réalisateurs viennent tourner en Artsakh. Il travaille presque toute la nuit, sans répit, pour mener à bien son prochain film.
En attendant de pouvoir poursuivre son travail, Jivan Avetisyan garde un œil constant sur son téléphone, à la recherche d’une connexion internet pour contacter son équipe en Arménie, qui travaille elle aussi sans relâche. Pour lui, la mission de faire entendre la voix de l’Artsakh est primordiale, et il est prêt à faire tout ce qu’il faut pour y parvenir.
Jivan Avetisyan parle avec émotion de la situation actuelle en Artsakh et de son désir ardent de sensibiliser le monde à la cause de son pays. Pour lui, il est crucial de raconter l’histoire des 150 000 Artsakhiots, de partager leur vécu et leur réalité présente. Il utilise le langage universel de l’art pour transmettre ses pensées à tous les individus du monde entier, afin de rappeler l’importance de ne pas fermer les yeux sur les guerres. Pour lui, la situation est personnelle, car sa famille est actuellement bloquée en Artsakh, avec peu de perspectives de sortir. Son frère, sa sœur, leurs enfants et même sa mère sont pris au piège de cette situation. Les deux premiers sont en Artsakh et sa mère ne peut pas y retourner après avoir vu sa famille à Erevan. Jivan Avetisyan explique qu’il ne peut se permettre de prendre un répit, car sa vie a toujours été rythmée par la guerre et ses conséquences. Sa détermination à faire entendre la voix d’Artsakh est donc absolue, et il compte sur le pouvoir de l’art pour toucher le coeur de tous ceux qui verront ses films.
Le film explore donc le thème de la culpabilité et de la rédemption, le personnage de Robert Sternvall devant faire face aux conséquences de ses actions passées et chercher à se racheter. Le contexte de la guerre en Artsakh est un élément important de l’histoire, soulignant la dévastation de la guerre et son impact sur les personnes impliquées. Le film souligne l’importance de la vérité et de la transparence, montrant comment le silence peut avoir des conséquences désastreuses.
Le héros principal, incarné par Richard Sammel, se rend de ce fait criminel dans sa fiction qui est fondée sur des histoires réelles, comme dans tous ses films. Le drame se déroule à Talish et à Stepanakert. Robert Sternvall, photojournaliste allemand, revient en Artsakh après 22 ans lors de la guerre des 4 jours. Il revient avec ses souvenirs hantés. Pour couvrir le conflit. Pour retrouver un lieu. Il rencontre Sophia Marti une jeune chanteuse d’opéra, qui se trouve être la fille du photojournaliste disparu Edgar Martirosyan, que Robert a abandonné en captivité lors de la chute du village de Talish dans le Haut-Karabagh en 1992. Représentée avec brio par Tatiana Spivakova, l’héroïne se trouve attirée mais la mauvaise conscience de Robert le rattrape. C’est alors qu’il doit faire face à la vérité sur ses actions passées et s’excuser auprès de Sophia. « Le personnage de mon film non seulement a volé, non seulement il s’est attribué les clichés de l’autre, mais surtout il sait tue de ce qui s’est passé pendant la guerre, de ce qui est arrivé au vrai photographe de ces clichés, et c’est ainsi qu’il s’est transformé en criminel. Alors il n’est pas seulement un voleur mais un criminel. Mon prochain film, The Revival, aborde différentes approches de son sujet principal, mais accède aussi au même sujet. Quand on se tait, on se rend coupable. » Le réalisateur précise qu’une partie de son prochain film se déroulera en France, à Marseille, pour un tiers de son temps d’intrigue et parlera de l’identité sous différentes approches.
Le titre Gates of Heaven a été choisi en référence au paysage paradisiaque qui est présenté dans le film. Quant aux histoires présentées dans le film, elles ne sont pas entièrement réelles, mais sont basées sur des événements réels qui se sont déroulés en Arménie dans les années 1990. En 1989, un reporter-photographe étranger s’est effectivement approprié les photos d’un collègue artsakhiot, l’histoire du chanteur est également vraie, l’histoire du journaliste qui fait des recherches et tente de découvrir la vérité est également vraie.
Jivan Avetisyan a confié que les personnages et les situations ont été créés pour donner une voix aux personnes touchées par la guerre et le conflit, mais que les histoires elles-mêmes étaient inspirées d’événements réels. Le réalisateur a également exprimé sa conviction que les applaudissements reçus après les projections devraient être dirigés vers le peuple d’Artsakh, qui se bat actuellement pour son indépendance et sa liberté malgré le blocus économique dont il fait l’objet. Pour lui, il s’agit de la continuation d’une lutte qui dure depuis des décennies.
« Nous y avons mis beaucoup de cœur et d’amour dans ce film, mais c’est émouvant de revoir ces images et de contempler le magnifique paysage auquel nous ne pouvons plus accéder aujourd’hui. Pour moi, il était important de réaliser ce film sur place, car je suis originaire de cette région. Mon arrière-grand-mère est de Chouchi », a déclaré Tatiana Spivakova, fille du célèbre violoniste russe Vladimir Spivakov, lors de la discussion avec le public parisien après la projection.
Elle a poursuivi en exprimant l’importance de ce projet pour elle : « Il y a quelque chose d’infini dans le déracinement, car l’Artsakh et l’Arménie font partie de moi, chaque jour. Je suis particulièrement ému par le chemin que ce film a parcouru et de le voir finalement projeté ici, après tant d’années. J’espère que ce film continuera à parcourir un long chemin pour raconter cette histoire, afin que personne n’oublie et que les gens sachent. »
Richard Sammel a fait part de son émotion après avoir revu le film et a souligné l’importance de la solidarité humaine, de l’identité et de l’intégrité. « Il m’est rarement arrivé si peu jouer dans un film, c’est-à-dire – servir l’avoir fait surtout pour servir à une grande cause. » Il a été très impressionné par la façon dont le réalisateur Jivan Avetisyan a réussi à motiver toute l’Artsakh pour le film, en obtenant le soutien des habitants, de l’armée et des zones reculées. Des centaines de figurants ont été nécessaires pour le tournage et tous étaient là pour aider le film. « Il fallait trois-quatre voitures de l’époque, on les avait le lendemain et ainsi de suite. Incroyable ! », dit-il. Pour lui, c’était une révélation que le pays puisse fonctionner de cette manière et il est très fier du film car il le trouve extrêmement réussi.
Le casting de Gates of Heaven est composé de nombreux acteurs talentueux, tant principaux que secondaires. Les performances de Sos Janibekyan, Michele Josia et Naira Zakarian sont remarquables, mais il convient également de mentionner le travail de tous les acteurs impliqués dans le film, qui ont contribué à la réalisation de cette œuvre. Les acteurs ont su incarner avec justesse les personnages complexes et émouvants du film, ce qui contribue grandement à sa qualité.
A travers ces images, Jivan Avetisyan nous invite à chercher le Paradis en nous-mêmes, et à nous demander si nous avons suffisamment œuvré pour sauver l’Artsakh. C’est un appel poignant à l’action, qui résonne en nous longtemps après la fin du film.
Le film est coproduit par huit pays : l’Arménie, la France, l’Allemagne, la République tchèque, l’Italie, les États-Unis et la Lituanie. Il a été présenté en première mondiale au Festival international du film de Venise 2019, où il a remporté le prix de la critique internationale FIPRESCI. Il a également été projeté dans plusieurs autres festivals internationaux, notamment le Festival international du film de Palm Springs, le Festival international du film de Busan et le Festival international du film d’Odessa. Il a été projeté en Arménie et en Artsakh en octobre 2019, avant d’être présenté aux États-Unis, au Ghana, au Liban, en Belgique et dans d’autres pays. En outre, le film a participé à de nombreux festivals internationaux et a remporté des prix.
En France, il a été présenté au Festival du film arménien de Marseille en 2020, où il a remporté le prix du public. Le film a été salué pour ses performances fortes, sa réalisation soignée et sa capacité à donner une voix aux personnes touchées par la guerre et les conflits.
Avetisyan est considéré comme l’un des cinéastes les plus prometteurs de sa génération en Arménie. Il est connu pour aborder des sujets sensibles dans ses films, notamment les conflits et les traumatismes de guerre.
De 2007 à 2008 et en 2013, avec les films Life Unobserved, The Dawn is Peaceful in Artsakh et Broken Childhood, il a participé au Festival international du film Golden Apricot, à Erevan ; pour le film Broken Childhood, il a reçu un prix spécial en hommage à Hrant Matevosyan.
Avec les films Broken Childhood et Tevanik, il a participé au 66e Festival de Cannes, 2013.
Au concours pan-arménien « Meilleure œuvre scientifique et créative » du Congrès arménien mondial et de l’Union arménienne de Russie, il a reçu le prix du meilleur scénario pour le film « La vie à la frontière », 2013.
1999 : Mon premier amour
2001: Illusion
2006 : La vie inobservée
2007 : L’aube est paisible en Artsakh
2010 : Rêve retrouvé
2013 : Enfance brisée
2014 : Tevanik (court-métrage)
2015 : The Last Inhabitant (en français)
2021 : La porte du paradis
Notez que les deux derniers films, The Last Inhabitant et Gate to Heaven, traitent du conflit du Haut-Karabagh.