Les dirigeants de l’UE sont complices de la politique de nettoyage ethnique de l’Azerbaïdjan. En proposant Akna (Aghdam) – Stepanakert comme « route d’approvisionnement humanitaire » alternative, Charles Michel approuve la politique génocidaire de l’Azerbaïdjan. L’Azerbaïdjan garde 120.000 Arméniens en otage dans l’Artsakh, tout en les laissant mourir de faim, et l’UE soutient cet agenda azerbaïdjanais.

En tant qu’organisation paneuropéenne représentative d’une partie importante de la diaspora arménienne en Europe, l’EAFJD exprime sa profonde déception et son indignation face aux propos tenus par le Président Charles Michel dans la presse à la suite de la réunion trilatérale avec le Président Aliyev d’Azerbaïdjan et le Premier ministre Pashinyan d’Arménie, le 15 juillet 2023.

L’approche du Président Michel, qui est de mettre sur le même plan l’acheminement de « fournitures humanitaires » par Aghdam au Haut-Karabagh/Artsakh à la question cruciale de l’ouverture du corridor de Latchine, est fondamentalement erronée. En tant que citoyens de l’UE, nous condamnons le soutien du président Michel à l’agenda de l’Azerbaïdjan qui consiste à utiliser l’Aghdam pour fournir une prétendue « assistance humanitaire » à la même population arménienne, qui est soumise à la famine, à la terreur et au blocus de l’Azerbaïdjan depuis plus de sept mois maintenant. En fait, depuis décembre, l’Azerbaïdjan resserre progressivement le cercle mortel autour de la population arménienne autochtone du Haut-Karabagh, l’enfonçant un peu plus dans le désespoir.

En exprimant le soutien de l’UE à l’agenda de l’Azerbaïdjan, le Président du Conseil de l’UE non seulement légitime la politique de nettoyage ethnique d’un régime autoritaire, mais va également à l’encontre de l’arrêt de la Cour internationale de justice (CIJ) des Nations Unies du 22 février, qui a ordonné à l’Azerbaïdjan de lever immédiatement le blocus du corridor de Latchine. Ces commentaires dans la presse compromettent également la résolution adoptée par le Parlement européen en mars 2023, qui demande au Conseil de l’UE d’imposer des sanctions aux représentants du gouvernement azerbaïdjanais si l’Azerbaïdjan ne met pas rapidement en œuvre l’ordre de la CIJ. Cette approche des dirigeants de l’UE permet à Bakou d’éviter toute pression pour débloquer le corridor de Latchine.

Il y a plusieurs autres aspects très problématiques dans les remarques de Charles Michel à la presse le 15 juillet, comme l’utilisation du terme « Karabagh » au lieu de « Haut-Karabagh », qui a clairement des implications politiques. En outre, la déclaration du président Michel n’aborde pas de manière adéquate la situation humanitaire désastreuse de 120 000 civils, ne souligne pas les obligations de l’Azerbaïdjan envers la communauté internationale, néglige la nécessité de garanties internationales dans le dialogue entre Bakou et Stepanakert, et ne tient pas compte de l’importance du retour des prisonniers de guerre par l’Azerbaïdjan.

Le 14 juillet, à l’approche de la réunion trilatérale, 470 organisations européennes, dont l’EAFJD, ont adressé une lettre ouverte au Président Michel, contenant six demandes concrètes visant à défendre les droits fondamentaux et inaliénables de la population arménienne autochtone. Bien que nous soyons reconnaissants de la communication établie, en tant que citoyens de l’UE, nous espérions qu’elle aboutirait à des résultats concrets. Hélas, le contenu des remarques de la presse prouve le contraire.

La médiation pour la paix ne peut pas être basée sur la logique d’imposer progressivement plus de concessions à la partie la plus faible, tout en légitimant lentement la politique destructrice de l’Azerbaïdjan. Cette approche transforme l’UE en complice de la politique génocidaire de l’Azerbaïdjan dans le Haut-Karabakg/Artsakh. En tant que citoyens européens, nous demandons instamment aux dirigeants de l’UE de cesser immédiatement cette approche, car toute personne impliquée dans le processus de négociation est directement responsable du résultat et devra rendre des comptes.

Compte tenu de tout ce qui précède, l’EAFJD demande au président Michel de revoir ses remarques à la presse. Sans cette révision, ses efforts de médiation semblent biaisés. Nous gardons l’espoir que la voix de la justice sera entendue et que l’engagement de l’UE en faveur de la dignité humaine et des droits de l’homme ne soit pas un principe creux, suivi uniquement lorsqu’il est aligné sur des intérêts politiques.

EAFJD

Source principale : eafjd.eu