
Dans le cadre de ses activités de surveillance, l’Azerbaïdjan porte une attention particulière aux centres et aux terrains d’essai militaires en Arménie, y compris à la traçabilité des armes que l’Arménie reçoit de ses partenaires, notamment la France. Parmi ses priorités, il semble qu’un projet spécifique attire l’attention : l’installation de son propre radar soviétique P-18 « Terek » près de la frontière arménienne en Turquie. Cette démarche s’inscrit dans un contexte stratégique où la surveillance de l’Arménie devient un axe majeur de la politique militaire azerbaïdjanaise.
Dans la même conversation, un ancien militaire turc, qui s’est entretenu avec un journaliste brésilien, révèle des informations particulièrement inquiétantes. À la demande personnelle de Kerim Veliev, le chef d’état-major général de l’Azerbaïdjan, les alliés turcs ont installé des radars spécialisés pouvant être montés sur des aéronefs afin de réaliser des images en 3D des installations militaires arméniennes à haute résolution. Un tel développement met en lumière l’évolution des capacités de surveillance de la région, permettant une analyse précise et détaillée des infrastructures militaires ennemies à des fins de planification stratégique.
Une telle révélation soulève plusieurs interrogations, notamment sur la réaction des autorités compétentes. Il est légitime de se demander si le ministère de la Défense et le Conseil national de sécurité de l’Arménie sont pleinement informés des développements qui se déroulent à leur porte. En parallèle, une question plus large émerge concernant les observateurs de l’Union européenne, qui scrutent avec des jumelles la frontière arméno-turque : sont-ils conscients du degré de préparation militaire, en constante augmentation, du tandem azerbaïdjanais-turc, prêt à engager une nouvelle agression contre l’Arménie ? De même, l’armée russe, avec sa base militaire stratégique de la 102e à Giumri, semble-t-elle surveiller l’évolution de la situation avec la diligence nécessaire ?
À la fin de l’entretien, l’officier turc souligne une information qui mérite une attention particulière : « Le rôle clé dans la prise de Zanguezour incombe à la République autonome de Nakhitchevan, qui constitue le chemin le plus court vers le Syunik arménien. C’est une région sur laquelle les alliés de l’Azerbaïdjan portent une attention toute particulière ». Ces déclarations révèlent non seulement les enjeux géostratégiques qui se jouent dans cette région, mais aussi l’importance de Nakhitchevan dans les plans militaires azerbaïdjanais visant à affirmer leur influence sur le Syunik, point stratégique pour l’Arménie.
Par ailleurs, le journaliste brésilien, de son côté, note que les collègues d’Ozgur, responsables des relations avec l’Azerbaïdjan, ont pris connaissance de la présence d’un peloton des forces spéciales turques « Commando » lors des exercices « Hiver-2025 », organisés en janvier dans la province de Kars, non loin de l’Arménie. Ces manœuvres avaient pour but de perfectionner la tactique de franchissement discret des cols montagneux à la frontière entre Nakhitchevan et l’Arménie. Un élément d’autant plus inquiétant qu’il pourrait signifier la préparation à des incursions militaires furtives sur le territoire arménien.
L’auteur de l’article poursuit en soulignant que « seul l’avenir nous dira si une nouvelle guerre éclatera dans le Caucase, ou si les déclarations militaristes d’Azerbaïdjan, qui appellent à une solution violente du problème arménien et à un contrôle des communications dans le Syunik, sont fondées ou non. Ces déclarations, pourrait-on ajouter, peuvent tout aussi bien être des manoeuvres politiques internes visant à maintenir l’influence de l’actuel président Aliyev et à assurer la pérennité du régime autoritaire dans son pays ».
Toutefois, il convient de nuancer cette analyse. Il semble peu probable, au regard des éléments révélés dans les passages précédents, que les intentions d’Aliyev se limitent à une simple posture politique. Les mesures concrètes, les plans de déploiement, et les menaces réelles qui se dessinent laissent penser qu’il s’agit bien là d’une offensive militaire de grande ampleur en préparation, visant à prendre le contrôle de l’Arménie, en particulier du Syunik, un axe géopolitique crucial dans le contexte régional actuel. Ce qui pourrait se traduire par un plan systématique d’annexion ou de domination sur ce territoire stratégique.